1720-Le grand hiver by Passegué Bertrand

1720-Le grand hiver by Passegué Bertrand

Auteur:Passegué, Bertrand [Passegué, Bertrand]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNA, Anticipation
ISBN: 2265042129
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1989-01-20T23:00:00+00:00


CHAPITRE XXI

L’attaque faillit bien prendre Nathan par surprise. Il marchait en tête, sous les sapins clairsemés, quand la détonation claqua, toute proche. Derrière lui, le petit groupe s’immobilisa, pétrifié par la surprise et la peur.

— Couchez-vous, bon Dieu ! Derrière les arbres !

Ils obéirent juste à temps. Un second coup de feu retentit, aussitôt suivi d’un troisième. Puis le silence retomba. Nathan appela, sans élever la voix :

— Louis !

— Je suis là, Nat ! Qu’est-ce qu’on fait ?

— Où est Frank ?

— De l’autre côté.

— On ne peut pas rester là. Si jamais ils nous prennent à revers, ils nous tireront comme des lapins.

Il prit un pistolet à sa ceinture et le lança à Louis, qui l’attrapa habilement.

— Fais-le passer à Frank. Dès qu’il aura commencé à tirer, on partira par là. Dis-lui de ne pas gaspiller les munitions, deux ou trois balles devraient suffire. Toi, tu viens avec moi, on va essayer de les contourner.

Quelques instants plus tard, la première détonation éclatait. Il s’élança dans la neige en profitant au maximum de l’abri des troncs. Louis le suivait comme son ombre.

— Ça suffit, on est assez loin…

— Les salauds ! Tu te rends compte ? Ils nous ont attaqués comme ça, sans prévenir !

Nat haussa les épaules.

— Qu’est-ce que tu croyais ? Qu’ils allaient nous accueillir à bras ouverts ?

— On est pourtant pas bien nombreux…

Cela faisait maintenant près d’une semaine qu’ils s’étaient enfuis d’Haldenstadt, et leurs maigres provisions étaient épuisées. Jusque-là, ils avaient évité d’entrer en contact avec les pêcheurs de la côte, mais à présent, ils n’avaient plus le choix.

— Silence ! coupa Nat. On doit approcher.

Il aperçut un des tireurs.

— Je m’en occupe. Essaie de trouver l’autre…

Il s’approcha silencieusement puis attendit que l’homme ait tiré pour franchir les derniers mètres.

— Lâche ton arme ! Voilà, comme ça ! Maintenant, retourne-toi… Lentement !

Louis revint, visiblement mécontent.

— Il a filé…

— Il va sans doute donner l’alerte… Allez, avance, toi !

Ils se groupèrent tous autour du captif visiblement terrorisé. Drapé dans un vieux manteau de fourrure élimé, l’homme n’avait pas fière allure.

— Espèce de fumier !

Louis allait laisser libre cours à sa colère, mais Nathan intervint :

— Calme-toi. On va l’interroger. Où se trouve ton village ?

— Par là, répondit l’autre, vaguement, en tendant le bras.

Rassuré, il regarda autour de lui.

— Ici, on n’aime pas beaucoup les vagabonds, reprit-il entre ses dents, et on sait se défendre contre les voleurs !

— On n’est pas des voleurs ! s’écria Dorry, la femme de Louis. On cherche juste un endroit pour s’installer !

— Vous ne croyez tout de même pas qu’on va vous laisser prendre notre poisson ! C’est déjà tout juste si on ne crève pas de faim !

— Mais on n’a plus rien à manger ! Et j’ai un bébé !

— On pourrait peut-être se joindre à vous ? insista Frank.

— Vous rigolez ! On a trop de bouches à nourrir et pas assez de poisson…

Son regard se posa sur Hélène, la compagne de Frank. En dépit de ses vêtements déchirés et de ses cheveux en désordre, elle était plutôt avenante.



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